•   Les combattants des deux camps restèrent figés de terreur lorsque les créatures légendaires se posèrent sur la colline qui dominait le champ de bataille. Elles étaient accompagnées de trois humains.

      Seul à oser bouger, malgré la surprise qu’il ressentait, Branag galopa dans leur direction. Il arrêta sa monture à une vingtaine de mètres. Son visage était toujours dissimulé par sa capuche mais l’incrédulité transparaissait dans le ton de sa voix.

    - Lauréan ! Lyanis !

    - Eh oui, Branag. Nous sommes de nouveau libres pour nous opposer à toi. Nous ne sommes pas seuls ! Tu connais déjà notre prisonnier Mikalyas ainsi que la petite Estelle des Brumes. Voici Cœlian de Mandaly.

      Le sorcier jura à plusieurs reprises. Il tourna le regard vers Estelle, essayant de reprendre contrôle de son esprit. Cœlian réagit aussitôt en renforçant le bouclier magique qu’il avait mis en place pour protéger les défenseurs de Koralia. La jeune femme serra la main de son amant contre son cœur en sentant la lutte dont elle était l’objet.

    - Tu as osé porter la main sur mon héritier, Mandaly ! Tu le paieras très cher !

      Cœlian haussa les épaules.

    - Enlever le frère d’Estelle et traiter celle-ci en esclave t’interdit de faire ce genre de reproche, sorcier. Sans compter les neuf cents années de captivité auxquelles tu as condamné Lauréan et Lyanis…

      Estelle s’avança en tenant son frère par le bras. Mikalyas se débattait tant qu’il pouvait, mais la jeune sorcière le retenait solidement.

    - Branag ! Je vous en prie, libérez mon frère !

      Le sorcier se mit à rire.

    - Tu ne manques pas d’aplomb, petite sorcière. Tu es décidément très naïve. Crois-tu sincèrement qu’on puisse donner des ordres à Branag ? Tu sais, ton père a voulu le faire, aussi. Le seul résultat qu’il a obtenu a été l’anéantissement de sa famille. Si tu comptes sur ces deux monstres écailleux pour te sauver, tu en seras pour tes frais ! Ils ont déjà essayé de s’opposer à moi. Leur châtiment a été à la hauteur de leur présomption.

      Estelle avança vers le sorcier en se débarrassant de son ample cape.

    - Je vous défie, Branag. Je reconquerrai l’âme de mon frère !

    - Je ne pense pas que tu sois digne d’un tel honneur, fillette.

      Branag se tourna vers ses soldats qui attendaient en la désignant du doigt.

    - Emparez-vous d’elle ! ordonna-t-il.

      Lyanis et Lauréan retrouvèrent forme humaine. Lyanis les revêtit instantanément d’armures en cuir sur le modèle de celles des arkaniens. Ils prirent chacun une main du chevalier de Mandaly.

    - Cœlian ! souffla Lyanis. Tu dois isoler Branag. Renvoie à Fyst toute l’armée de Branag. Vite !

    - Mais… Je ne suis pas assez puissant ! Je dois les toucher !

    - Ils sont bien moins nombreux que ce que voient tes yeux. Branag utilise une illusion pour faire croire à sa supériorité numérique. Notre énergie est inépuisable ! répliqua Lauréan. Les toucher est inutile ! Ton esprit sait le faire ! Dépêche-toi avant qu’Estelle soit à leur portée !

      Cœlian se concentra sur les soldats les plus proches de la jeune femme tout en visualisant la grotte souterraine de la cité de Branag.

    « Ça marche ! » souffla Lauréan lorsque les premiers ennemis eurent disparu. « Continue ! »

      Branag poussa un juron terrible en se tournant vers le trio. Il prononça une incantation. Une boule de feu apparut au bout de ses doigts. Aux aguets, Estelle attendit qu’il ait terminé de lancer son sort pour faire de même. Les deux boules d’énergie se télescopèrent à quelques mètres de Cœlian et des dragons qui sentirent une bouffée d’air chaud à l’odeur sulfureuse les envahir.

    - Tiens bon, Cœlian ! murmura Lyanis. Ton intervention a semé la panique. La plupart des soldats ennemis s’enfuient devant ta magie. Il n’en reste presque plus ! »

      Galvanisés par le retour du chevalier de Mandaly et par le soutien des dragons, les arkaniens et leurs alliés se réorganisèrent de manière à bloquer la fuite de leurs adversaires qu’ils désarmèrent et firent prisonniers.

    - Koralia est sauvée pour le moment, Arnald ! souffla le comte de Queffelec. Mais j’ai dans l’idée que nous allons assister à un combat de sorciers devant lequel nous serons impuissants.

    - Renvoyons les troupes derrière les remparts, alors ! Inutile de risquer leurs vies inutilement. Qu’ils prennent du repos tant qu’ils le peuvent encore ! Morannon, Trevalyn ! Sonnez la retraite ! » ordonna-t-il à ses généraux. « Gardez la moitié des troupes en protection des remparts et renvoyez les autres au repos ! »

      Lorsque le dernier ennemi qui menaçait Estelle eut disparu, Cœlian lâcha les mains des dragons. Il tomba à genoux sur le sol, avec le sentiment d’être complètement vidé. Lyanis se pencha vers lui. Elle posa ses mains fraîches sur son front couvert de sueur.

    - Laisse-toi envahir par mon énergie, Cœlian.

      La scène arracha un petit rire rauque au sorcier. L’accès de faiblesse du chevalier lui avait entrouvert son esprit pendant une fraction de seconde.

    - Je ne vous crains pas ! cria-t-il. J’ai vaincu de nombreux sorciers et anges qui renforçaient leurs pouvoirs depuis des siècles ! Je n’aurai aucune difficulté à éliminer des gamins comme vous ! Allons, viens, Estelle des Brumes ! Je relève ton défi. Viens subir ta défaite ! »

      Tous retinrent leur souffle. La scène semblait surréaliste, avec cet homme grand et sombre qui faisait signe d’approcher à la jeune femme au milieu d’une plaine quasi déserte. L’orage provoqué par Branag s’évanouit comme le sorcier rassemblait ses forces.

      La jeune fille sembla rassérénée par la chaleur des rayons du soleil de l’après-midi qui perçait enfin. Elle se rapprocha du sorcier. Elle sentait en elle deux esprits lutter, l’un pour s’emparer de son âme, l’autre pour la protéger.

      Tout en contrôlant son pouvoir protecteur, Cœlian dégaina son arc. Il décocha deux flèches, visant le cœur et la tête du sorcier. Ce dernier ricana quand les traits tombèrent en poussière devant lui.

    - Lauréan ! Êtes-vous capable de tuer Branag ? s’enquit le chevalier, le cœur serré devant la puissance de leur ennemi.

      Les deux dragons reprirent leur forme originelle. Lauréan jura en secouant la tête.

    - Pas dans l’état actuel des choses. Il s’est protégé par un talisman Yphaste, un bijou serti d’émeraudes contre lequel nous sommes impuissants. Tant qu’Estelle ne l’aura pas brisé, nous ne pourrons rien faire !

      Cœlian se mordit les lèvres en voyant la jeune femme se camper face au sorcier.

    - Estelle ! fit-il dans sa tête. Il faut que tu détruises le talisman de Branag ! Il est constitué d’émeraudes !

    - D’accord ! rétorqua-t-elle tout en s’entourant d’une bulle d’énergie pour se protéger des boules de feu que Branag commençait à lancer.

      La jeune fille se contentait de parer les attaques de son adversaire, tout en essayant de déterminer où pouvait se trouver ce fameux talisman. Elle finit par passer à son tour à l’offensive. Mais contrairement à Branag, elle ne tentait pas de le détruire, sachant qu’elle n’avait pas la puissance suffisante. Elle se contentait de lui causer le plus de perte d’énergie. Agacé par sa résistance inattendue, le sorcier rejeta en arrière son grand manteau. La capuche qui dissimulait son visage tomba. Estelle laissa échapper un cri. Le fameux talisman était en fait enchâssé dans le front du sorcier, enfoncé dans sa chair.

    - Tu n’aimes pas mon apparence, fillette ? ricana-t-il.

      Au lieu de s’être réfugiés dans la ville avec leurs troupes, Arnald et Tryer rejoignirent Cœlian et les deux dragons. Ils contemplaient bouche bée les éclairs lumineux multicolores qui entouraient les deux combattants.

    - Cœlian ! Que se passe-t-il ?

      Prêt à l’attaque, Lauréan s’intercala entre eux et Lyanis. Il se détendit en fouillant leurs esprits.

    - Prince Arnald, comte Tryer, ne distrayez pas le chevalier. Il est très concentré pour pouvoir protéger Estelle !

    - Va-t-elle pouvoir le vaincre ? demanda Tryer avec anxiété.

    - Non, répondit Lyanis. Mais ce n’est pas son but. Il faut qu’elle détruise le talisman du sorcier. À ce moment-là seulement, Lauréan pourra le tuer.

    - Un talisman ?

    - Le bijou incrusté dans son front, précisa-t-elle. Je ne vois pas comment elle va pouvoir l’arracher.

      Arnald poussa un soupir puis son regard s’éclaira subitement.

    - À quoi penses-tu, prince ? s’enquit Lauréan.

    - Rien… C’est juste que je me souviens d’une histoire racontée par ma mère… Sur l’émeraude qui serait une pierre vivante à l’intérieur… Il paraît que lorsqu’ils y en a plusieurs, on peut les faire vibrer.

    - Prince, tu es un génie ! » rugit Lauréan.

      La vision du visage de Branag avait plongé Estelle dans un désespoir profond. Elle n’arrivait plus à réfléchir. Comment arracher ce talisman ? Branag profita immédiatement de son avantage. Cœlian avait de plus en plus de mal à maintenir sa protection autour de la jeune fille. Estelle entendit soudain la voix de Lauréan dans sa tête.

    - Estelle ! Notre seul espoir est de forcer Branag à arracher lui-même le talisman. Il faut faire vibrer les pierres précieuses ! Vite ! »

      À cause de la surprise, la jeune fille relâcha son attention. Branag en profita pour se jeter sur elle. Il l’immobilisa sur le sol, utilisant la force physique du corps masculin qu’il avait investi. Cœlian tressaillit en voyant qu’il la frappait violemment au visage laissant échapper sa colère. Le sorcier était trop fort pour que sa magie d’ange-gardien puisse le déstabiliser.

    - C’est fini, Estelle des Brumes ! siffla le sorcier, dont la haine déformait le visage. Tu as perdu ! Rends-toi à l’évidence !

      La jeune sorcière essayait de lutter contre sa force, mais il était trop puissant pour elle. En bandant ses muscles pour résister, elle ne parvenait plus à réfléchir. Elle se détendit brusquement, comme si elle avait perdu connaissance. Branag eut l’impression de tenir entre ses mains une poupée de chiffon. Il laissa échapper un rire sardonique en la soulevant au dessus de sa tête. Estelle restait inerte. Une angoisse terrible envahit le cœur des arkaniens et de leurs alliés.

    - Vous avez perdu ! hurla Branag. J’ai vaincu la sorcière Estelle des Brumes ! Désormais, son esprit sera mien. J’en ferai mon héritière. Je n’ai plus besoin de Mikalyas. Je vous le rends ! »

      Le frère d’Estelle tressaillit tandis que l’emprise du sorcier sur lui s’évanouissait. Un hurlement lui échappa lorsque la conscience de tous ses actes reprit sa place dans son esprit. L’empathie de Lyanis lui fit recevoir les émotions du jeune homme de plein fouet. Sa souffrance la fit défaillir. Lauréan la retint de justesse. Blottie dans ses bras, elle délia les poignets de Mikalyas d’un discret geste de la main. Ce dernier ne réagit pas  tout de suite. Son regard était braqué sur sa sœur, aux mains de l’assassin de ses parents, ce maudit sorcier qu’il avait appelé ‘père’ sous l’effet du sortilège qui venait de se dissiper. Ce sorcier qui le rejetait comme un objet cassé, lui rendant les remords dont il l’avait privé.

      Il bondit sur Alsveld, le cœur battant à se rompre. Tant de mal avait été causé par sa faute, tant de souffrance. Savoir qu’il n’avait jamais eu le choix ne lui était d’aucun réconfort. Malgré la violence qu’elle avait subie, Estelle était restée du bon côté de la magie. Tout en galopant vers le sorcier, il ajusta l’arbalète que sa sœur gardait toujours accrochée à la selle de son cheval. Il tremblait trop. Le carreau se ficha dans l’épaule de Branag qui lâcha sa proie, les yeux écarquillés d’étonnement. Son bouclier inconscient n’avait pas considéré Mikalyas comme une menace.

      Estelle roula sur le sol avec souplesse, profitant de l’inattention de son adversaire pour reprendre pleinement possession de son esprit. De sa bouche s’échappa soudain un son cristallin pur, une note aiguë qu’elle siffla doucement. Branag recula d’un pas en portant ses mains à son front. « Nooon ! » hurla-t-il en sentant les pierres du talisman entrer en résonance avec ce la.

      La jeune fille ne quittait pas des yeux les pierres précieuses qui semblaient étinceler par intermittence. La douleur de Branag paraissait intolérable. Dans un dernier sursaut de combativité, il lança vers elle une salve d’éclairs verdâtres. À bout de forces, Cœlian ne réagit pas suffisamment vite. Un faisceau de magie verte passa outre son bouclier, interrompant net le chant d’Estelle qui trébucha. Le sorcier rassembla ses forces pour lancer une dernière boule d’énergie. Un cri s’étrangla dans la gorge de Lyanis en voyant le cavalier, qui avait continué sa course, se jeter entre les belligérants, encaissant le choc à la place d’Estelle qui profita de l’interruption pour reprendre et amplifier sa note destructrice. Une atroce odeur de chairs brûlées s’éleva. Le sorcier hurla sa douleur en multipliant les imprécations. Coupée de tout ce qui n’était pas son but, Estelle augmenta progressivement l’intensité du son. Branag poussa soudain un hurlement sauvage. Tous virent s’élever dans les airs le talisman qu’il venait d’arracher de sa chair et de jeter le plus loin possible de lui. Elle courut ramasser le bijou. Le sorcier, toujours allongé sur le sol, le front inondé de sang, leva les yeux vers elle, lorsqu’elle prononça la formule de destruction. « Nooon ! » gémit-il lorsque les pierres précieuses tombèrent en poussière.

    - Cœlian ! Ramène Estelle et Mikalyas près de toi ! ordonna Lauréan. L’ange rassembla les dernières bribes de pouvoir qui lui restait pour obéir.

      Tous poussèrent une exclamation émerveillée en voyant l’immense Yphaste prendre son envol majestueux. Sur la plaine, Branag essayait de fuir. En quelques secondes, Lauréan était sur lui. Un immense jet de flammes vertes jaillit de la bouche du dragon. Pendant une fraction de seconde leur lumière envahit la plaine à tel point que tous se cachèrent les yeux. Le sorcier s’embrasa avec un cri inhumain. Quelques secondes plus tard, il ne restait de lui qu’un petit tas de cendres que le vent éparpilla.

      Un grand silence régna sur la plaine, uniquement troublé par le bruit du vent. Réalisant soudain ce qui s’était passé, Estelle tomba à genoux devant le corps inerte de Mikalyas. D’une poigne d’acier, Lyanis empêcha Cœlian de se précipiter vers elle.

    « Laisse-leur ce dernier instant ! »

    - Mon frère ! chuchota la sorcière, dont le visage ruisselait de larmes, en cherchant à atteindre l’âme de Mikalyas. Une douce chaleur l’envahit. Dans l’esprit de son jumeau, dansaient les souvenirs de leur enfance, leurs jeux, l’amour qu’il éprouvait pour elle. Puis vinrent les images douloureuses de la mort de leurs parents, de sa séquestration et de la violence dont il avait fait preuve envers elle.

    - Le sort de Branag a brisé mon corps, Estelle. Mais même si tu pouvais me soigner, je ne pourrais survivre à ce que je t’ai fait, murmura la voix dans sa tête. Mon dernier geste ne suffit pas à racheter tout le reste à mes yeux. Pardonne-moi, ma sœur étoile et laisse-moi partir…

    - Non ! hurla-t-elle. Il n’y a rien à pardonner, Mika ! Je ne veux pas… »

      Un dernier souffle d’air sortit des lèvres pâles du moribond, comme une caresse sur la joue de sa sœur qui laissa libre-cours à son chagrin.

      Tous restèrent sans bouger encore quelques minutes, témoins des sanglots convulsifs de la sorcière. Cœlian interrogea Lyanis du regard : la Warjanyane hocha la tête. Elle fit un petit geste de la main. Estelle s’affaissa sur le corps de son frère. Son ange se précipita pour la soulever entre ses bras.

    « Je l’ai plongée dans un sommeil réparateur. Va la mettre à l’abri ! » expliqua la guérisseuse.

      À quelques mètres, le prince Arnald restait perplexe, comme s’il ne parvenait pas à assimiler tout ce qui s’était déroulé devant ses yeux. Son incrédulité était partagée par bon nombre de témoins.

    - Prince Arnald, je crois que l’Arkanie et Mystia sont sauvées ! souffla Tryer.

       Les deux hommes s’inclinèrent courtoisement devant Lyanis et Lauréan, dont les doigts entrelacés semblaient comme soudés.

    - Je ne sais pas qui vous êtes, commença le prince troublé, et je ne suis pas encore sûr que mon cerveau ait bien compris ce que mes yeux ont vu. Mais vous avez sauvé l’Arkanie. Notre royaume vous en est infiniment reconnaissant.

      Lyanis sourit en lui tendant sa main libre. Arnald la baisa avec respect.

    - Mon nom est Lyanis, prince. Je suis la dernière représentante de l’espèce Warjanyane, un dragon guérisseur. Voici mon compagnon Lauréan, dernier prince Yphaste. Nous sommes restés captifs d’un mauvais sort de Branag pendant presque neuf cents ans. Par bonheur, le chevalier et Estelle nous en ont libérés juste à temps.

    - Un millénaire ! souffla le prince, sidéré. Un soupir lui échappa lorsque toute la fatigue qu’il ignorait s’abattit sur ses épaules. Dame Lyanis, seigneur Lauréan, vous serez toujours les bienvenus en Arkanie et au palais de Koralia. Dès maintenant, des appartements vous y sont réservés, si vous conservez forme humaine. Sinon… Il réfléchissait désespérément lorsque Lyanis répondit d’un sourire.

    - Ne te tracasse pas, prince Arnaud. Nous allons rester sous cette apparence dans ta cité.

    - Et nous acceptons avec grand plaisir ton invitation ! soupira Lauréan.

    - Mais auparavant, nous devons songer parer au plus pressé. Je mets mon talent de guérisseuse à la disposition de tous les blessés du champ de bataille ! ajouta la warjanynane, provoquant un grondement de dépit de la part de son compagnon. 


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