• Chapitre 12

      Dès la fin du conflit avec Jolande, le prince Arnald avait tenu à entretenir son alliance avec le comte de Queffelec. Des relations commerciales fortes avaient été mises en place tandis qu’une vraie amitié s’était nouée entre les deux hommes. Cœlian, qui s’était porté volontaire pour le poste d’ambassadeur d’Arkanie dans la Cité Lumineuse, s’entendait aussi très bien avec Tryer. Il avait réclamé cette faveur au prince pour fuir sa terre de Mandaly. Le manoir, incendié par l’arrière-garde de l’armée de Jolande, lui rappelait trop la manière dont sa sœur et sa mère avaient trouvé la mort. Mais inconsciemment, il savait que le comté de Queffelec était l’endroit le plus propice pour guetter le retour de la jeune cousine de Tryer. Des lettres régulières avaient rassuré tout le monde sur sa santé, sans révéler l’endroit où elle était. Apparemment, elle était entrée en apprentissage comme guérisseuse auprès de son oncle. Mais aucune nouvelle n’était parvenue à Queffelec depuis presque six mois.

      Le mariage du comte avec sa fiancée Ellyn étant imminent, une grande partie de la cour d’Arkanie était réunie au château de Tryer. Même s’il était ravi de retrouver son ami, Cœlian préféra fuir l’effervescence des préparatifs. Il sentait aussi la tristesse de Tryer et de sa fiancée de n’avoir pas pu prévenir Estelle de leurs noces. Sur une impression qu’il n’aurait pu lui-même expliquer, il décida de partir explorer la forêt au sud du domaine de Queffelec.

     

     ◊◊◊

     

      Hors d’haleine, Cœlian de Mandaly s’écroula à côté du cadavre de l’ours. Il avait eu la malchance de tomber nez à nez avec un ours blessé à la nuit tombée. Morvack était attaché trop loin pour qu’il puisse l’atteindre. Il avait dû se battre. Son arc étant absolument inutile, il avait dû se débrouiller avec seulement une dague. Par chance, il avait pu atteindre le cœur avant que l’animal ne le déchire complètement avec ses griffes acérées. Il essaya de se redresser, mais son bras gauche lacéré et sa jambe sûrement brisée ne lui en laissèrent pas le soin.

    - Voilà cette sale bête !

      Soulagé, Cœlian se retourna pour faire signe aux nouveaux arrivants, mais un juron lui échappa. Il reconnaissait leur manière de s’habiller. Il n’avait rien de bon à attendre d’eux. C’étaient des hors-la-loi.

    - Eh ! Il est mort ! Tu l’avais tué, Raydan !

    - Impossible, Gareck, je l’ai touché à l’épaule…

    - Ne vous fatiguez pas ! intervint soudain Cœlian, qui songea que de toute manière, ils finiraient bien par s’apercevoir de sa présence. C’est moi qui ai dû l’achever.

      Deux arcs furent bandés dans sa direction. Trois lames étincelèrent. Celui qui semblait diriger les opérations s’approcha, l’épée à la main.

    - C’est toi qui a tué ma proie !

    - Et juste avant, ton gibier a failli me mettre en pièces. Alors, je te laisse ton ours et toi, tu m’aides à remonter sur mon cheval. Comme ça, je pourrai rentrer me faire soigner. J’ai fini le boulot à ta place, je considère que c’est un bon marché, non ? »

      Un ricanement s’échappa de la gorge de Raydan.

    - Regardez-moi cette bonne chasse, les gars ! Un ours magnifique et un vaillant chevalier qui va nous apporter une bonne rançon. Voyez ses vêtements… Et son cheval ! Il se revendra une fortune. »

      Cœlian essaya de se lever, mais la douleur lui coupa le souffle. Il sentit la nausée monter, accentuée par les odeurs dégagées par l’ours et se laissa glisser sur le dos. Il n’était pas en état de tenter quoique ce soit.

    - Je vous conseille de ne pas toucher Morvack ! lâcha-t-il en feignant la désinvolture. Il a tendance à être ombrageux.

      Gareck éclata de rire.

    - Aucun cheval ne m’a jamais résisté, mon gars ! Il s’appelle Morvack, alors ?

      Le malandrin s’approcha du cheval qui encensait de la tête. Il dénoua sa longe mais n’eut pas le temps de prendre les rênes que l’animal se cabrait, l’obligeant à reculer.

    - Sale bestiole !

      Le chevalier de Mandaly frémit en voyant le brigand attraper une cravache et asséner un coup sur les flancs de sa monture.

    - Non ! Ne le touche pas ! »

      Sous la douleur, le cheval se cabra encore une fois, avec tant de force que Gareck ne put retenir sa longe. L’animal furieux fit volte-face et s’enfuit dans la forêt au grand galop.

    - Ton canasson t’a abandonné, ricana le chef. Il reviendra vers nous quand il aura faim. C’est quoi ton nom, le chevalier ?

      Cœlian haussa les épaules.

    - Je suis blessé, j’aimerai autant ne pas perdre ma jambe, alors on pourrait remettre les présentations à plus tard, non ?

      L’un des bandits sursauta en croisant le regard furieux du blessé.

    - Je le reconnais, Raydan. C’est le chevalier de Mandaly. Un des amis du roi d’Arkanie ! Il a dû venir pour les épousailles du comte de Queffelec…

      Les yeux de Raydan s’allumèrent.

    - Du beau monde ! Ils paieront une forte rançon pour toi, mon gars !

    - Certainement pas ! cracha Cœlian. Ils ne paieront rien du tout !

    - C’est ce qu’on verra ! Cette clairière est très sympathique. On installe le camp ici. Remercie-moi, chevalier ! lança-t-il d’un ton narquois. Tu n’auras pas à ramper pour atteindre notre camp. »

      La mort dans l’âme, il laissa le renégat le dépouiller de sa cape et de ses armes. Il resta allongé sur le dos pour ne plus les voir. Le moindre mouvement qu’il faisait réveillait la douleur lancinante. Il craignait que ses blessures ne s’infectent. À côté de lui, les cinq hommes mangeaient bruyamment autour du feu, se lançant des plaisanteries douteuses et arrosant leur repas avec une outre de vin. Les odeurs de viande grillée amplifiaient son malaise.

    - Il ne nous manque plus que quelques belles filles aux formes généreuses et ce serait le paradis ! soupira l’homme qui avait reconnu Cœlian.

    - En pleine forêt, tu es ivre, mon pauvre Gailer ! répliqua Raydan. N’empêche, tu as raison ! »

      Pendant qu’ils ripaillaient, Cœlian commença à se sentir de plus en plus mal. Il alternait somnolence nauséeuse avec des phases lucides où la douleur se faisait plus forte.

     « Taisez-vous ! J’entends des chevaux ! »

          Soudain, le silence subit des hors-la-loi l’alerta. Ils bondirent sur leurs pieds, les armes prêtes.

    - Qui va là ? jeta leur chef, un peu inquiet.

      Quelques instants plus tard, un cavalier dissimulé dans une grande cape noire avança dans la clairière. Les flammes faisaient briller d’un éclat particulier la robe fauve de l’étalon qu’il montait. Il tenait d’une main la longe du grand cheval noir qui le suivait. Il parla d’une voix assourdie.

    - Bonsoir, messires. J’ai trouvé ce cheval qui s’enfuyait. Auriez-vous vu son propriétaire ?

      Gareck s’avança.

    - Ce cheval est à moi ! Mais je dois dire que le tien me plaît également, étranger.

    - Qui que vous soyez, fuyez, avec mon cheval ! cria Cœlian. Ces hommes sont des brigands !

      Le nouveau-venu tourna la tête vers lui en poussant une exclamation de surprise. Ignorant totalement Raydan et ses hommes, il mit pied à terre pour rejoindre Cœlian. La capuche glissa comme il s’agenouillait auprès du blessé. Deux tresses d’or rouge apparurent. Cœlian sentit son cœur s’arrêter de battre en reconnaissant le visage inquiet qui se penchait vers lui. Le regard lumineux que soulignait l’émeraude du bandeau était celui qui hantait ses rêves.

    - Estelle des Brumes ! murmura-t-il d’une voix rauque.

    - Chevalier de Mandaly ! Vous êtes grandement  blessé ! s’écria la jeune fille. Je dois vous soigner ! »

      Elle se redressa pour récupérer la sacoche où elle rangeait ses herbes médicinales, mais elle se rendit compte que les cinq hommes la fixaient avec une joie mauvaise.

    - Finalement, j’avais raison ! ricana Gailer. On peut même trouver des jolies filles dans la forêt.

      Le sang de Cœlian ne fit qu’un tour.

    - Si toi, ou un de tes hommes ne touchez ne serait ce qu’un de ses cheveux, je t’arrache le cœur à mains nues ! cracha le jeune homme malgré son malaise grandissant.

      Estelle se tourna vers lui avec un sourire apaisant. Elle reporta son attention vers les hors-la-loi. Son regard devint impénétrable.

    - Messire, je ne sais pas qui vous êtes, mais je vous propose un marché. Vous me laissez m’occuper de mon ami, ses blessures nécessitent des soins immédiats. Sa vie est en danger. Ensuite, je pourrais vous accorder toute mon attention. Vous êtes d’accord ?

      Raydan fut un peu impressionné par son expression méprisante. Mais la jeune fille paraissait si inoffensive qu’il haussa les épaules. Ce n’était qu’une femme, après tout !

    - D’accord. Soigne-le ! Mort, il n’aura plus aucune valeur marchande. Mais fais vite ! »

      Elle haussa les épaules et enleva d’un geste ample sa grande cape.

    - Essayez de vous allonger dessus, chevalier ! fit-elle. Vous serez plus au chaud.

      Elle l’aida à s’installer, puis commença à découper la tunique et le haut de chausse du chevalier pour dégager les plaies. Elle fit la grimace en voyant l’étendue des dégâts. Un peu de magie allait être indispensable pour endiguer l’infection. Elle nettoya les plaies avec de l’eau, puis déposa dessus un cataplasme de feuilles cicatrisantes. Elle fabriqua une attelle avec des branches pour maintenir la jambe cassée, tandis qu’elle murmurait un sortilège de reconstruction. Il faudrait que la nuit passe pour en voir les effets. En même temps, elle prit sur elle un peu de la douleur, pour le soulager.

    - Vous êtes complètement folle ? siffla soudain le chevalier, l’esprit plus clair grâce à ses soins. Il était terrorisé à l’idée d’être impuissant à la protéger de ce qui allait suivre. Il ne pourrait rien faire pour elle, cloué au sol, impuissant.

      Estelle sourit en retrouvant la lueur dont elle se souvenait dans les yeux de Cœlian.

    - Mon cher démon, je suis heureuse de voir que vous n’avez pas perdu votre bon caractère ! Je dois vous avouer qu’il m’avait manqué !

      Il voulut se redresser, mais un gémissement de douleur lui échappa.

    - Vous n’avez pas changé non plus, toujours prête à vous mettre en danger de manière inconsidérée ! rétorqua-t-il. Par la grande Déesse, pourquoi ne vous êtes-vous pas enfuie à toutes jambes ? Ne comprenez-vous pas qu’ils vont vous… »

      Il s’interrompit, la gorge serrée par l’inquiétude.

    - Ils vont quoi ? Me violer ? J’en doute fort ! Comment aurais-je pu partir alors que vous gisez ici, grièvement blessé ? Il me serait impossible de vous abandonner à votre sort. Mais, ne vous inquiétez donc pas ! Depuis notre dernière rencontre, certaines choses ont changé ! Vous allez vous en rendre compte ! »

      Le chevalier de Mandaly resta bouche bée devant son expression volontaire. C’était vrai qu’elle avait changé. Elle était plus sûre d’elle, son regard paraissait plus sombre et plus lointain. Et elle était encore plus belle que dans son souvenir.

    - Restez couché et demain, il n’y paraîtra plus. »

      Tout en l’aidant à se rallonger, elle lui montra l’arbalète de poing dissimulée dans les replis de sa cape. Il sentit une poussée d’adrénaline l’envahir.

    « Tenez-vous prêt ! » murmura-t-elle.

      Derrière elle, les brigands s’impatientaient. Leur chef n’y tint plus.

    - Ça suffit ! Inutile de le materner ! Il est temps que tu nous montres de quoi tu es capable !

      Elle fit un clin d’œil à Cœlian et se retourna avec souplesse.

    - C’est votre tour, en effet. Alors, que voulez de moi, exactement ? C’est vous le chef, n’est ce pas ? fit-elle en regardant Raydan. Ordonnez, j’obéirai ! »

      Tout en parlant, elle avait délacé sa tunique de laine et la laissa tomber sur le sol. Elle portait en dessous une cotte de maille légère très ajustée qui soulignait sa poitrine. Les hommes retinrent leur respiration. Ils avaient posé leurs armes. Raydan fit un pas vers elle.

    « Enlève-la aussi ! »

      Furieux de son manège suggestif, Cœlian ne comprit pas tout de suite ce qui se passait.

      En entendant un bruissement dans le buisson, Estelle envoya un coup de genou dans le bas-ventre de l’homme qui venait de poser les mains sur elle.

    « Alya ! » cria-t-elle. Tout comme les autres, le chevalier n’en crut pas ses yeux. Une sorte d’éclair noir jaillit du bois et bondit par-dessus Cœlian pour s’asseoir aux pieds de la jeune fille, sa gueule entrouverte laissant paraître des crocs acérés.

    - Une panthère ! hurla Gareck en reculant. Raydan, qui gémissait de douleur sur le sol, roula loin de l’animal.

      Cœlian pâlit. Malgré son arbalète prête, il ne pouvait tuer la bête féroce sans toucher la jeune fille. Il ne comprenait pas pourquoi celle-ci restait si calme.

    - Je vous présente Alya. Inutile de chercher à prendre vos armes, sinon ses griffes vous le feront amèrement regretter. Le chevalier de Mandaly, tout blessé qu’il soit, ne rate jamais sa cible, surtout à bout portant.

      Les cinq hommes reculèrent.

    - Qui es-tu vraiment ? demanda Raydan, affolé.

    - Une guérisseuse qui sait se défendre. Alya est très obéissante, mais dès que quelqu’un s’en prend à moi, je ne peux plus la tenir. Elle est jolie, non ?

      Comme les brigands, Cœlian était subjugué par la scène. Cette jeune femme magnifique, le front orné d’une émeraude étincelante, cette panthère à ses pieds, prête à bondir… Ils avaient l’impression de voir une incarnation de la grande Déesse.

    - Qu’est-ce que vous nous voulez ? souffla Gailer.

    - Moi ? Rien du tout ! Enfin, si ! Que vous déguerpissiez ! Que vous preniez vos jambes à votre cou et que je ne vous revoie jamais plus ! Prenez vos chevaux et partez !

    - Mais…

    - Si vous aviez dans la tête de revenir, sachez que ma douce Alya va veiller cette nuit. Elle est nyctalope et son flair est infaillible. Si vous approchez à moins de cent pas de notre camp, je ne donne pas cher de votre peau, n’est-ce pas, Alya ? »

      Comme pour lui répondre, la panthère se dressa en poussant un feulement rauque qui provoqua la panique. Les cinq hommes se ruèrent sur leurs chevaux avant de disparaître dans la nuit.

    - Enfin débarrassés d’eux ! soupira la jeune fille en frissonnant dans la fraîcheur de la nuit. Elle se baissa pour remettre sa tunique. Cœlian respirait à peine, sidéré. Estelle s’agenouilla auprès de lui. Le chevalier sentit son cœur s’emballer.

    - Alya ! Viens ma toute belle !

      Cœlian se figea en voyant le magnifique animal aux grands yeux verts s’approcher de lui d’un pas souple.

    - Chevalier, voici Alya ! Alya, je te présente le chevalier Cœlian de Mandaly. C’est un de mes amis les plus chers. Alors, c’est aussi le tien. Tu le protégeras, comme moi, d’accord ? »

      Alya feula et vint renifler la main du chevalier.

    - Caressez-la, chevalier !

      Cœlian tressaillit. Pour ne pas la contrarier, il posa doucement sa main valide sur la tête de la panthère qui émit un ronronnement de plaisir. Il la gratta derrière les oreilles, comme il l’aurait fait pour un chat. Un gros chat. Alya ploya le cou puis se coucha tout contre lui.

    - Vous lui plaisez ! conclut-elle, amusée.

      Le chevalier ferma les yeux.

    - J’ai de la fièvre ! murmura-t-il. Ou alors, je deviens complètement fou.

      Estelle sourit et alimenta le feu prêt à s’éteindre.

    - Ces sauvages vous ont-ils donné à manger ? s’enquit-elle.

      Il fit non de la tête et elle s’empressa de couper un morceau du cuissot de chevreuil abandonné par les malandrins. Il se laissa nourrir quelques instants avant de repousser doucement sa main.

    - Merci, Estelle

    - Maintenant, vous devez dormir ! décréta-t-elle. Elle sortit quelques couvertures du paquetage accroché à la selle de Morvack et sans tenir compte de ses protestations, elle lui confectionna une couche confortable.

    - Je ne veux pas dormir ! Expliquez-moi ce qui s’est passé tout à l’heure ! exigea-t-il, retrouvant soudain son caractère habituel. La nourriture lui avait donné un regain d’énergie. Le sortilège d’Estelle commençait aussi à faire son effet, atténuant la souffrance ressentie. Il parvint à s’asseoir, étouffant un gémissement de douleur.

      Elle se pencha à côté de lui, déterminée.

    - Cette fois, ça suffit chevalier ! trancha-t-elle. Vous vous êtes battu seul contre cet ours et vous êtes blessé. Il vous faut dormir. Et vous allez m’obéir, cette fois. »

      Cœlian ne put réprimer un sourire devant cette jeune fille déterminée qui le réprimandait ainsi, ses yeux verts étincelants de colère, ses cheveux plus flamboyants encore que dans son souvenir. Sans réfléchir, il tendit sa main vers elle pour l’attirer contre lui. Avant qu’elle ait eu le temps de réagir, il écrasa ses lèvres contre les siennes. Estelle répondit à son baiser avec avidité, de plus en plus troublée. Elle reprit brutalement ses esprits en se souvenant des blessures du jeune homme qui gémit lorsqu’elle s’écarta de lui. Il se méprit sur sa réaction et baissa la tête.

    - Pardonnez-moi ! Je suis stupide, je n’aurais pas dû. Mais vous êtes si belle ! Et j’ai tant pensé à vous depuis… »

      Il se tut et se mordit les lèvres. C’était ce qu’il ne voulait surtout pas qu’elle sache !

      La jeune fille sourit et le poussa fermement sur ses couvertures.

    - Maintenant, dormez, Cœlian. Vous ne risquez rien et Alya veille sur nous.

      Comme dans un rêve, il la laissa l’obliger à s’allonger et ferma les yeux. Estelle attendit d’être sûre qu’il dormait pour installer sa propre couche.

     ◊◊◊


  • Commentaires

    1
    Lundi 21 Mars 2016 à 18:24

    Le bisou ! Le bisou ! Le bisou ! cool

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