•  Bienvenue

    Crédits de l'image: texture de WanderingSoul-Stox sur Deviant art, dragons sur Brushportal

     Sur Mystia, une guerre éclate entre Yphastes et Warjanyans, les deux peuples draconiques vivant à l'Ouest du continent. Seule Lyanis, une jeune dragonne de la forêt Warjane se pose des questions sur les raisons de cette discorde. Et si un sorcier humain à l'ambition dévorante était à l'origine du conflit ?


       Bienvenue sur ma nouvelle histoire!

      Après la science-fiction et le polar d'aventures, me voilà sur les rivages mystérieux de la fantasy. J'ai complètement renoncé à illustrer régulièrement les péripéties sorties de mon imagination avec les sims qu'ils soient 2, 3 ou 4. Mais il pourra m'arriver quand même de mettre une image ou deux selon mon inspiration.

      J'espère que cette nouvelle aventure vous plaira. N'hésitez pas à me laisser vos avis et commentaires, j'y répondrai avec plaisir.

      Tous les chapitres sont écrits, donc les mises à jours seront régulières (promis, je ne trainerai pas comme sur l'Union Interstellaire)!

    Koelia


     

    Déjà en ligne

    * carte de Mystia * Prologue * Chapitre 1  * Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5 *

    Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12 *

    Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15 * Chapitre 16Chapitre 17  * Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20 * Chapitre 21Chapitre 22  * Chapitre 23Chapitre 24 * Epilogue *


    3 commentaires
  • Cliquez sur la carte pour la voir en plus grand. 

    Crédits: texture parchemin, brushes carte, bannière, parchemin


    2 commentaires
  • Prologue

      Le soleil disparaissait derrière l’horizon lorsque les deux armées cessèrent le combat. Les survivants des deux camps ramassèrent leurs blessés avant de rejoindre leurs campements. Une frêle silhouette humaine descendit de l’arbre où elle se cachait pour observer le champ de bataille. Seuls ses yeux rouges et sa chevelure aux reflets mauves et violets trahissaient sa vraie nature. Lorsqu'elle se retrouva enfin seule, Lyanis reprit sa forme draconique pour survoler le champ de bataille.

      Elle était née cinq cent deux ans auparavant, benjamine du peuple de la forêt Warjane. Ses parents étaient le dernier couple de dragons guérisseurs à avoir osé renoncer à son immortalité pour procréer. Elle les avait vu mourir parmi les premiers, victimes de cette guerre insensée qui venait de renaître de ses cendres. Dix mille ans de coexistence pacifique n’avaient pas suffi. L’affrontement entre les anciens rivaux avait repris : Warjanyans, enfants des forêts contre cracheurs de feu des montagnes, les Yphastes. Lyanis ne comprenait pas ce qui avait bien pu pousser le chef des bâtisseurs à relancer cette querelle fratricide stupide. Aucun guérisseur ne se serait jamais risqué sur les bords du volcan Yphéas ! Et aucun dragon de feu normalement constitué n’aurait brisé la moindre branche de l’arbre de Mémoire warjanyan ! Pourtant, les deux lieux sacrés avaient été profanés. Avec des preuves tellement évidentes que seuls des bébés tout juste sortis de leurs œufs auraient pu être coupables. Rien de tout cela n’avait de sens, même si des centaines de combattants des deux peuples mouraient tous les jours depuis plusieurs semaines. Et personne ne s’étonnait.

      Lyanis observa attentivement chacun des corps qui jonchaient le sol. Une aura frémissante attira son regard. Les Yphastes avaient oublié un des leurs, grièvement blessé. Lyanis s’arrêta brusquement auprès du guerrier aux écailles bleues ternies par la souffrance. Elle s’approcha de lui.

    « Est-ce que vous m’entendez ?

    - Oui… Qui êtes-vous ? »

    La réponse n’était qu’un souffle. Lyanis haussa les épaules.

    - Mon nom est Lyanis et bien que nous soyons ennemis, je vais essayer de vous soigner…

      Le blessé eut un grognement de rage. Elle dut reculer précipitamment pour éviter le jet de flamme mortel qu’il venait de projeter sur elle. Elle poussa un profond soupir.

    « Vous avez donc tellement envie de mourir ? Vous vous videz de votre sang et la seule chose qui vous vient à l’esprit c’est de griller vos dernières forces en même temps que moi ? Réfléchissez ! Si je tenais vraiment à vous tuer, je n’aurais qu’à vous laisser périr ici !

    - Pourquoi ? souffla le blessé agonisant.

    - Parce que ma nature profonde est de soigner les blessés ! Je suis apparemment la seule à ne pas avoir perdu l’esprit parmi mon peuple, comme parmi le vôtre ! Vous êtes des bâtisseurs, nous des guérisseurs, pas des destructeurs ! Laissez-moi vous aider, maintenant. Vous allez vous endormir et d’ici quelques minutes, vous vous réveillerez en parfaite santé ! Mais je ne peux pas utiliser ma magie si vous ne me laissez pas vous toucher ! »

      Le dragon bleu laissa échapper un gémissement de douleur. Il sentait sa vie le quitter, avec le sang coulant de son aile droite.

    « On dirait que… je n’ai pas… le choix, demoiselle Lyanis. Allez-y… »

      Elle se pencha vers lui. Posant la patte avant contre celle du blessé, elle fit appel à toute sa magie pour refermer les plaies et régénérer le sang de son patient. L'Yphaste reprenait des forces tandis qu’elle se sentait faiblir.

      Un grondement soudain lui fit rompre le lien tandis qu’un violent coup la projetait à quelques mètres. Lorsqu’elle leva la tête, son cœur se mit à battre à se rompre. Le second de l’armée ennemie, le prince Lauréan, la dévisageait d’un air terrible, prêt à la détruire d’un jet de flammes vertes. Elle se mit à trembler de tous ses membres. Le dragon vert passait pour impitoyablement précis dans ses attaques.

    - Draikyn, mon frère ! gronda la voix rauque du nouveau venu. Je vengerai ta mort ! Cette dragonne payera les souffrances qu’elle t’a fait endurer ! »

      Lyanis ferma les yeux. Dire que c’était pour ce prince-là, justement, que son cœur s’accélérait depuis qu’elle l’avait aperçu par hasard, une vingtaine d’années auparavant, lors du couronnement de son frère à la tête des yphastes. Avant que cette tuerie se déclenche… Tout cela était si loin, mais son sang palpitait toujours dans ses veines.

      Lauréan se redressa de toute sa taille. Il se jeta sur elle, essayant de la lacérer de ses griffes tandis que Lyanis n’en croyait pas ses yeux. S’il n’utilisait pas sa flamme létale, elle pouvait l’empêcher de la détruire. Sa magie agirait au moindre effleurement.

      Elle évita les serres mortelles à deux reprises, puis tenta le tout pour le tout en enroulant sa queue autour de la patte arrière droite de son ennemi. Dès que le contact fut établi, elle rassembla ses dernières forces magiques et se métamorphosa en même temps que lui. Ils s’effondrèrent sur le sol, enlacés, avec l’apparence de deux humains d’une quinzaine d’années pour elle, d’une trentaine pour lui.

      Le prince yphaste hurla de terreur, incapable au premier abord de maîtriser son corps de bipède. Lyanis se dégagea rapidement de l’étreinte de Lauréan, reculant de quelques pas pour se mettre hors de portée. Il finit par surmonter sa panique et lui fit face, un peu gauche dans ses mouvements, mais hors de lui.

    « Sorcière de la forêt ! Que m’as-tu fait ? Comment as-tu osé… Je vais te tuer…

    - Arrêtez, prince Lauréan ! murmura Lyanis, dont les forces l’avaient abandonnée. Elle trébucha en reculant et tomba à genoux. Si vous me tuez maintenant, vous ne retrouverez jamais votre apparence ! Je ne voulais pas mourir avant que vous ne preniez conscience de la réalité. Votre compatriote n’est pas mort !

    - Tu mens !

    - Je vous jure que non ! Il dort parce que j’ai soigné ses blessures ! Je vous en prie… »

      Lauréan hésita. Ce qu’il lisait dans les prunelles rouges de la jeune humaine à ses pieds semblait vraiment le reflet de la vérité. Il essaya de forcer son esprit à s’ouvrir mais évidemment, elle le repoussa. Il fut néanmoins surpris par la force cérébrale de son adversaire. Pour rompre une telle résistance, il lui faudrait sans doute lutter beaucoup trop longtemps. Le temps lui était compté.

    - Où êtes-vous ?

      Draikyn venait d’ouvrir les yeux. Le son de cette voix amie fit tressaillir le prince. Lyanis en profita pour lui prendre la main et le ramena en même temps qu’elle à son apparence naturelle.

    « Draikyn ! hurla Lauréan, partagé entre la joie et la rage qu’il sentait à nouveau monter en lui. Tu es vivant ! Que t’a-t-elle fait ? Par Yphéas, je te promets de la punir…

    - Lauréan, elle m’a sauvé la vie ! Je me vidais de mon sang quand elle m’a trouvé ! Et si les guérisseurs n’avaient pas tous trahi ? Demoiselle Lyanis… Mais… Où est-elle ? »

      Lauréan se retourna brusquement. Il découvrit la silhouette aux écailles mauves qui s’éloignait dans le ciel, déjà trop loin pour qu’il puisse la rattraper.

    « Elle t’a sauvé ? J’ai bien failli la tuer… » murmura le dragon vert, choqué par l'ignominie qu'il avait été sur le point d'accomplir. Il ferma brièvement les yeux, essayant de se souvenir de cette étrange ennemie qui remettait ses adversaires sur pied sans rien demander en échange. Mais la vision de l’adolescente humaine aux cheveux mauves, qui lui avait tenu tête malgré son épuisement, s’estompa rapidement, de même que sa culpabilité. Seule sa colère face aux morts du champ de bataille faisait bouillir son sang.

    « Nous nous vengerons ! » murmura-t-il.

     

    ♦♦♦

    Prologue


    7 commentaires
  • Chapitre 1

      Dans la tour Sud du palais de Koralia, capitale d’Arkanie, une étrange agitation régnait. Le roi Karel et son ami le duc  de Kilmar faisaient les cent pas devant une porte fermée. De temps à autre l’un des deux hommes collait son oreille contre la porte, en un geste fort peu protocolaire, mais aucun son ne leur parvenait, à leur grand désarroi.

    « Je te dis qu’il faut enfoncer la porte !

    - Reste calme, Garian ! Cela se passe sûrement très bien, et… »

      Un cri de nouveau-né résonna comme une douce mélodie à leurs oreilles avant que la porte ne s’ouvre  brusquement.

    « Votre fils est né, seigneur Garian. annonça la guérisseuse. Votre Majesté, vous avez un neveu fort vigoureux !

    - Je veux le voir !

      L’heureux père se précipita dans la chambre où son épouse Aura de Kilmar, sœur du roi d’Arkanie, reprenait son souffle après les longues heures de souffrances dues à l’accouchement.

    « Ma douce Aura ! Comment te sens-tu ?

    - Exténuée, mais heureuse… Regarde notre fils, comme il est beau… »

      Le bébé dormait blotti près de sa mère, épuisé par sa naissance. Et le père déposa sur la joue de sa femme un doux baiser.

    « Comment veux-tu l’appeler, mon amour ?

    - Léry.

    - Comme mon père ? Cette idée me touche beaucoup, ma douce ! »

      Le frère d’Aura s’approcha à son tour. Il repoussa doucement le linge qui enveloppait le nouveau-né, découvrant une tâche de naissance en forme d’étoile blanche sur la hanche gauche. Ce signe distinctif marquait les hommes de la lignée des Kilmar depuis la nuit des temps.

    « Il est signé, Garian ! » plaisanta le roi avant de dresser l’oreille, alerté par un bruit sourd.

    « Karel ? s’enquit sa sœur, le cœur étreint d’une angoisse subite. Qu’y a-t-il donc ?

    - Je l’ignore, ma sœur ! »

      Les deux hommes quittèrent la pièce en hâte. Aura se renversa en arrière, essayant de calmer les battements de son cœur. Elle soupira profondément. C’est lors de moments comme celui là qu’elle regrettait de ne pas avoir pu renforcer ses dons de sorcière. Quelle tradition stupide que celle qui consistait à étouffer toute velléité de magie chez les membres de la famille royale ! Malgré ses lacunes, elle ressentait une angoisse lancinante très loin de la ville depuis plusieurs semaines. Mais ce soir, la chape de plomb semblait tomber sur la ville de Koralia. Des cris d’effrois se firent entendre. Elle ferma les yeux.

    « Gwirreg… » murmura-t-elle en essayant d’invoquer le sorcier qui avait commencé à l’initier en secret lorsqu’elle avait douze ans. Malheureusement, le roi Jaouenn, son père, avait découvert le pot-aux-roses une année plus tard. Il lui avait interdit d’approcher de nouveau le sorcier, sous peine de châtiments terribles. Et Gwirreg avait dû quitter la ville. Par lâcheté, elle avait obéi…

      Une lueur blanche tremblotante répondit à son appel. Elle sursauta en découvrant une silhouette voûtée. Des cheveux gris coupés au bol, un regard noir vif malgré les rides.

    « Mais… Maître Gwirreg… Vous m’avez entendue ? »

      Le vieux sage hocha la tête en découvrant l’enfant blotti contre le sein de sa mère.

    « J’attendais un signe, duchesse. Mais, félicitations ! Te voilà donc mère…

    - En effet, c’est un garçon… Il se nomme Léry. Mais… Ressentez-vous comme moi ce bouleversement ?

      Le vieil homme hocha la tête.

    « Tu as toi aussi ressenti la souffrance du peuple dragon qui s’entretue, trahi par le sorcier Branag de Quervy. La menace qui pèse sur la lignée des rois de Koralia est en train de se concrétiser.

    - Quelle menace ?

    - Celle que je n’arrivais pas à comprendre lorsque j’ai décidé d’outrepasser les lois et de t’enseigner la magie. Ce pressentiment m’a valu mon exil. Je sens désormais que Branag est ici, dans ces murs. Mais pour faire quoi ? Voilà ce que j’ignore…

    - Ne pouvez-vous l’arrêter ?

    - Non, chère enfant. Il est le plus puissant d’entre tous les sorciers vivants. Il a consacré son existence à renforcer ses pouvoirs. Son ambition est d’être le maître absolu de la magie, il ne s’en est jamais caché. Pour cela, il doit contrôler ou détruire toutes les créatures possédant la maîtrise de la magie à un niveau pouvant le mettre en danger. Ne pouvant s’attaquer à tous les dragons, il a fait en sorte de les retourner les uns contre les autres… Mais quel est le rapport avec la royauté humaine ? Je ne comprends pas…

      Un cri strident retentit dans le couloir, glaçant le sang de la jeune accouchée. Gwirreg blêmit.

    - Il a osé… Karystean !

      Un deuxième halo apparut dans la pièce et un jeune homme apparut. « Maître…

    - Protège la duchesse ! cria le sorcier en disparaissant.

      Il revint quelques instants plus tard, portant contre lui le corps de Garian, ensanglanté. Aura poussa un hurlement. « Mon amour ! »

      Le sorcier essaya de guérir les blessures mais l’homme était à l’agonie.

    « Aura ! Écoute-moi ! Un dragon vient de tuer ton frère, sa femme et je n’ai rien pu faire… Non ! Ce n’était pas un dragon ! Je crois… Que c’était un homme en réalité, mais mes yeux n’ont pas été capables de discerner le vrai de l’illusion… Sauve notre fils, Aura ! Karel et Morrigane sont morts devant moi. Moreth est sous l’emprise du dragon… Non de… Notre Léry est en danger ! La magie que tu lui as transmise le met en danger ! Karel m’a confié le cœur d’Arkanie… Sauve-le ! Mets-le à l’abri de ceux qui veulent s’emparer de l’Arkanie !

      Aura récupéra machinalement le fameux cristal sombre, emblème de la royauté. Elle poussa un hurlement en voyant son mari s’affaisser sur le sol.

    « Gwirreg ! Sauvez-le !

    - Impossible, Aura ! Il est mort. Nous ne pouvons pas ressusciter les morts ! Par chance, ton mari était ton ange gardien. Il est imperméable à certaines formes de magie. Il a pu aller au-delà de l’illusion. J’ai reconnu dans son esprit le vrai coupable : Branag de Quervy ! Mais pourquoi menacer un nourrisson qui n’est même pas héritier du trône ? »

      La jeune femme frissonna. Elle eut comme une prémonition atroce : Léry dans les bras d’un inconnu aux yeux noirs ténébreux, elle poignardant son neveu sous son regard dominateur avant de retourner l’arme contre elle. Elle enfila le collier au cristal autour du cou de Léry avant de déposer son fils dans les bras de Karystean qui était le plus proche d’elle.

    « Mettez Léry à l’abri, maître ! Je vous en prie ! Sauvez-le de moi ! Emmenez-le là où il ne pourra pas le prendre et m’obliger à tuer Moreth ! »

      Gwirreg Mornay comprit qu’elle avait eu une vision de leur avenir.

    - Karystean, je te suis ! Va t’en ! »

      Le disciple obéit tandis que Gwirreg s’approchait de la jeune mère affolée. Il passa la main sur ses yeux. Le sort qu’il lança lui fit oublier les derniers instants qu’elle venait de vivre. Mais Branag était puissant, il fallait que le sort soit indécelable. La jeune femme tomba endormie sur les oreillers. En se réveillant, elle n’aurait aucun souvenir du passage des sorciers. Il savait qu’ainsi, il la condamnait à la souffrance que cause une grande incertitude. Mais s’il voulait sauver Mystia à long terme, il devait passer outre cette culpabilité.

    « Pardonne-moi, Aura… » murmura-t-il avant de s’éclipser à son tour.

      Quelques secondes plus tard, la porte de la chambre s’ouvrait brutalement. Un homme au regard plus sombre que la nuit pénétra dans la pièce. La jeune femme se réveilla en sursaut, cherchant son fils et hurla.

    « Léry ! Où est Léry ? Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait à mon bébé ? »

      Branag évalua la situation d’un coup d’œil. Le bébé avait disparu, ses plans tombaient à l’eau. Quoique… Il décida d’épargner la duchesse. Elle servirait ses plans malgré sa grande sensibilité à la magie. Gwirreg Mornay l’avait formée trop imparfaitement pour qu’elle soit à même de lui résister. Malgré son absence de magie, Moreth resterait l’héritier et Aura lui servirait de caution pour contrôler l’éducation du jeune roi. Sans compter qu’elle était plutôt agréable à regarder !

    « Aura, vous êtes désormais la régente d’Arkanie et je suis votre conseiller. »

      La jeune femme sentit le contrôle de son esprit lui échapper, puis ses souvenirs se brouillèrent une seconde fois, fluctuèrent et elle ne sut plus où était la réalité.

    « Mon fils…

    - …a été enlevé par le peuple dragon ! asséna Branag. Les mêmes qui ont massacré sans pitié votre famille, votre frère et sa femme. Nous allons décréter une guerre contre ce peuple honni ! Jamais plus ils ne seront alliés des humains ! »

      Aura hocha la tête, sentant les choses lui échapper doucement, mais inconsciente de ce qui se passait réellement. Branag eut un sourire amusé. Tout ne s’était pas passé exactement comme il l’avait prévu, mais le résultat était le même. Le fils de Garian était marqué. Il serait facile à retrouver. Et sinon, il ne serait pas un problème avant longtemps, et d’ici là, tout serait sans doute terminé !

    ♦♦♦

    Chapitre 1


    3 commentaires
  • Chapitre 2

    crédit épée: Mythical weapons by RoysArt

    « Rany ? Rany ! Bon sang, où ce gosse est-il encore passé ? Rany ! Montre-toi ! »

      Dissimulé dans le feuillage d’un vieux chêne plusieurs fois centenaire, Rany de Mirel pouffa silencieusement. Cette fois, sa mère ne pourrait plus se dérober ! Il avait réussi à escalader cet arbre. Elle avait promis, et il allait faire en sorte qu’elle tienne sa promesse.

    « Coucou m’man ! »

      La jeune femme leva les yeux vers le faîte de l’arbre en poussant un cri d’horreur.

    - Mon Dieu ! Rany ! Ooooh ! Descends immédiatement de là ! Non ! Ne bouge pas ! Lestian ! Il est ici ! »

      Le marquis de Mirel parvint au pied de l’arbre en même temps que son fils unique. Il secoua la tête devant l’aplomb du gamin. Manifestement, il n’avait pas eu la moindre angoisse, contrairement à sa mère prête à s’évanouir. Il enlaça brièvement sa femme, l’embrassant dans le cou en la sentant trembler rétrospectivement. Rany, lui, avait l’air tout fier malgré les dizaines d’égratignures sur ses jambes et ses bras.

    - Maman ! J’ai sept ans, et j’ai réussi à grimper à l’arbre tout seul ! Tu m’avais promis… »

      Orianne de Mirel ferma les yeux. Elle se revit promettre à son fils qu’il pourrait commencer son entraînement de chevalier lorsqu’il serait capable de grimper à cet arbre. C’était un an auparavant. Le petit garçon n’avait pas oublié.

    « Lestian ! murmura-t-elle faiblement. Dis quelque chose !

      Le marquis fit un clin d’œil à son fils.

    - Tu as fais une promesse, ma chérie adorée ! Et tu es une femme d’honneur… »

      Orianne acquiesça avec regrets. Lestian lui baisa la main.

    « D’accord, tu as gagné, petit voyou ! murmura-t-elle. Tu pourras faire ce dont tu rêves. Et moi, je vais commencer à trembler ! ajouta-t-elle à mi-voix, et son époux soupira.

    - Mais tu vas devoir apprendre deux choses, petit diable gâté ! prévint Lestian. L’humilité et l’obéissance. Est-ce clair ? Jamais tu ne feras allusion au fait que tu es mon fils, ou le cousin de Moreth. Et tu seras traité comme n’importe lequel des écuyers, sans doute moins bien, pour n’être pas accusé de favoritisme. Tu seras le plus jeune de tous, et de beaucoup. Ce n’est pas une position enviable. Cela sera très difficile et tu n’auras plus le droit de venir te plaindre auprès de ta maman. Il n’y aura pas de retour en arrière, c’est bien clair ?

      Rany leva vers son père des yeux verts remplis de détermination.

    - Je suis prêt, papa ! Je ferai tout ce qu’il faut ! Et tu seras fier de moi ! »

      Orianne ébouriffa les cheveux aux reflets roux flamboyants du petit garçon, retrouvant la volonté inébranlable de son époux dans l’air de défi du garçonnet. Ils se ressemblaient tant !

    « Alors c’est dit ! »

      Plus tard, lorsque Rany fut couché, la marquise aborda le sujet qui l’inquiétait.

    « Lestian, ne penses-tu pas que notre Rany soit en danger avec les autres écuyers et surtout à cause de son cousin ?

    - En danger de quoi, ma douce ? essaya-t-il de biaiser.

    - Après la mort de Morrigane et du roi Karel, notre fils est second sur la liste des héritiers du trône… Depuis l’enlèvement de Léry par les dragons il y a deux ans, Aura n’est plus dans son état normal. Ce sorcier… Branag de Quervy… Il a pris une importance anormale dans sa vie comme dans la régence. S’il décidait que Rany est un danger pour Moreth… »

      Lestian soupira. Il avait espéré qu’elle n’y penserait pas mais il savait pourtant que sa femme était trop intelligente pour ignorer les réalités politiques. En l’absence d’autre héritier, et en tant que sœur de Morrigane, la reine défunte, elle avait transmis à son fils la possibilité de prétendre au trône.

    « C’est dans ce seul but que j’accède à la demande de Rany, même si mon cœur me souffle qu’il est beaucoup trop jeune. Pour le protéger, il faut que nous prouvions que nous n’avons aucune crainte à ce sujet. Il faut les convaincre que notre seule ambition pour notre enfant est de le voir entrer au service de son cousin.

    - Il y a donc un risque…

    - Il y aura toujours un risque, mon ange, tant que Moreth n’aura pas engendré un héritier, ou que le fils d’Aura n’aura pas été retrouvé avec le cristal. Nous ne pouvons pas le couver jusque là. »

     

    ♦♦♦

     

      « Le pauvre chéri à sa maman ! »

      Rany roula dans la boue une fois de plus sous le coup de lance de son cousin. Aucune larme ne jaillit de ses yeux. Il ne lâcha pas le moindre cri. Il se redressa avec difficulté et Moreth, contrairement aux lois de la chevalerie, le frappa à nouveau, avant qu’il ait repris son équilibre. Rany serra les poings en retombant à genoux.

    « Tu as raison ! C’est ainsi que tu dois rester devant ton futur roi ! »

      Le maître d’armes Taanlim observait la scène de loin. Ses poings le démangeaient. Pourtant, il ne bougea pas, comme le marquis de Mirel lui en avait donné l’ordre. Il songea que la vie était mal faite. Ce petit gars, malgré ses treize ans, avait bien plus de courage et un sens de l’honneur bien plus développé que Moreth d’Arkanie, le futur roi qui en avait seize. Pour l’instant la force physique était du côté du plus grand. Au grand soulagement de Taanlim, Rany s’avoua vaincu. Le futur roi plastronna, comme à son habitude. Cette faute de goût si contraire aux règles de la chevalerie lui valut quelques regards réprobateurs de la part des apprentis chevaliers plus âgés.

      Rany laissa les plus grands disparaître dans leurs quartiers avant de laisser libre cours sa rage. Quand donc grandirait-il ? Il en avait assez de n’être qu’un gamin maigrichon que tous les écuyers adoraient humilier ! Moreth, passe encore, c’était son roi, mais il avait hâte de prouver à tous les autres qu’ils avaient eu tort de profiter de sa faiblesse. Un jour…

    « Écuyer de Mirel ! »

      Il sursauta et se recomposa un visage vierge de toute colère.

    - Oui, maître Taanlim ?

    - Quelles conclusions tires-tu de ce combat ?

    - Que si j’avais la même taille que Sa Majesté, c’est moi qui lui aurais fait mordre la poussière ! Il a l’avantage de la force sur moi, mais je suis plus vif et précis.

    - Ce n’est pas tout à fait vrai, Rany, commenta le maître d’armes. Tu aurais pu le déséquilibrer sans problème lors de sa deuxième attaque. Tu ne l’as sciemment pas fait.

      Rany détourna le regard.

    - Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, maître.

    - Au contraire ! Pourquoi as-tu fait ça ? insista-t-il.

      Le garçon baissa la tête.

    - Il est mon roi, même si notre tante assure la régence. Je lui dois respect et loyauté. Je n’avais pas le droit de lui infliger une défaite par un plus petit que lui… Il est mon roi ! répéta-t-il. Il ne doit pas être humilié ! »

      Taanlim hocha la tête. Quoiqu’en dise le marquis, il fallait aussi encourager ce petit.

    « En tout cas, même si tu as été vaincu, tu as fait tes preuves dans ce combat. N’as-tu pas remarqué que tu es celui qui lui a résisté le plus longtemps ? Je pense que tu ne seras plus réellement ennuyé par les autres, Mirel ! »

     

    ♦♦♦


    4 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires